I. Un test obligatoire pour les cartes de séjour : mode d'emploi
À partir du 1er janvier 2026, toute demande de carte de séjour pluriannuelle ou de carte de résident nécessitera la réussite d'un QCM civique. Ce test, mis en place par le décret n° 2024-640 du 1er juillet 2024, vise à vérifier les connaissances du demandeur sur les droits, devoirs, principes et institutions de la République française.
Avant cette réforme, suivre la formation civique obligatoire dans le cadre du contrat d'intégration républicaine (CIR) suffisait. Aucun test formel n'était requis. Le décret introduit donc une condition supplémentaire d'obtention du titre, sans allonger la durée de validité de celui-ci.
Le QCM est présenté comme un outil pour standardiser les règles d'intégration sur tout le territoire. Il s'inscrit dans la logique de renforcement des exigences d'"assimilation républicaine" (compréhension des valeurs, respect des principes, connaissance des institutions). Il n'aura lieu qu'à partir de 16 ans. L'évaluation portera sur un socle de notions précises : laïcité, égalité femmes-hommes, école, travail, santé, sécurité, libertés fondamentales, participation à la vie publique.
Exemples de questions possibles :
- Qui élit les députés à l'Assemblée nationale ?
- Une femme a-t-elle les mêmes droits qu'un homme en matière d'héritage ?
- Dans quelles situations la laïcité s'applique-t-elle ?
Comment se préparer concrètement au QCM ?
suivre la formation civique prévue dans le cadre du CIR ;consulter les supports fournis par l'organisme organisateur (ou l'OFII, selon les futures précisions) ; se familiariser avec les grands thèmes : institutions, droits et devoirs, égalité, école, santé, etc.
II Un tournant juridique (et politique) majeur pour les étrangers ?
Le décret prévoit que le QCM civique ne concernera que les premières demandes déposées à partir du 1er janvier 2026. Le principe de non-rétroactivité protège donc les situations antérieures (c'est-à-dire que les nouvelles règles ne s'appliquent pas aux dossiers déjà en cours).
Le test sera organisé par un prestataire extérieur, habilité par l'État, dans des conditions d'équité et d'accessibilité. Il pourra être repassé autant de fois que nécessaire, ce qui en fait un filtre souple, mais réel. Aucune sanction automatique ne semble prévue en cas d'échec : sans réussite, la carte ne sera pas délivrée, mais le demandeur pourra se représenter.
Un "zoom" sur les publics vulnérables :
Les personnes peu à l'aise avec l'écrit ou en situation de fragilité peuvent se faire accompagner par des associations d'aide aux étrangers, des centres sociaux ou les plateformes départementales. Il est vivement conseillé d'anticiper la préparation dès 2025.
Le lien avec la naturalisation reste indirect : le QCM est propre aux cartes de séjour pluriannuelles ou de résident. En pratique, réussir ce test ne dispense pas de remplir les conditions spécifiques à la naturalisation (niveau B1, insertion, entretien, etc.).
Enfin, la réforme n'est pas encore complète. De futurs arrêtés viendront fixer le format exact du test, le nombre de questions, le score minimal requis, et les modalités d'habilitation des organismes. Il est donc essentiel de suivre les évolutions réglementaires à venir (textes d'application, site de l'administration, préfectures?).